Classement provincial et territorial
Messages clés - Le Manitoba, la Nouvelle-Écosse, l’Île-du-Prince-Édouard, l’Ontario et la Saskatchewan décrochent tous un « A » à l’indicateur des prélèvements d’eau et se classent parmi les 14 premiers des 25 régions de comparaison.
- Avec les prélèvements d’eau par habitant
les plus importants de toutes les régions analysées, à l’exception des
États-Unis qui font pire encore à cet égard, Terre-Neuve-et-Labrador obtient un « D », soit la plus mauvaise note de toutes les provinces.
- Le Canada dans son ensemble reçoit un « B », se classant au 10e rang parmi les 15 autres pays analysés.
Mettre les prélèvements d’eau en contexte L’eau douce que nous buvons et qu’utilisent l’agriculture et l’industrie vient de diverses sources, notamment les lacs, les rivières et les nappes phréatiques. Toute l’eau douce que nous consommons finit par retourner dans le cycle hydrologique et, par conséquent, dans un lac, une rivière, une nappe phréatique ou un océan. Mais souvent, elle ne retourne pas à la source où elle a été puisée. Autrement dit, il est possible de surconsommer de l’eau dans une région, au point qu’il n’y ait plus assez d’eau potable à l’échelle locale. De plus, l’eau qui retourne dans le cycle hydrologique après une consommation humaine est souvent de moindre qualité1. Il est essentiel pour tous les pays de garantir l’accès à de l’eau douce propre, car l’eau douce est un élément nécessaire pour la plupart des écosystèmes et pour l’activité économique humaine. Il est donc important de surveiller et de limiter nos prélèvements d’eau pour assurer des approvisionnements en eau locaux suffisants et pour limiter notre impact négatif sur la qualité de l’eau. Nous comparons ici les prélèvements d’eau par habitant, en faisant abstraction de l’eau prélevée pour refroidir les centrales thermiques produisant de l’électricité (telles que les centrales au charbon et les centrales nucléaires), car ces installations retournent généralement l’eau qu’elles prélèvent dans le bassin hydrographique local, bien qu’à une température plus élevée.
Comment se classent les provinces par rapport aux pays de comparaison? Les prélèvements d’eau par habitant varient beaucoup d’une province à l’autre. Avec 191 m3 par habitant par an, le Manitoba occupe ainsi le premier rang parmi les provinces. Avec 200 à 300 m3 environ par habitant en 2013, quatre autres provinces, soit la Nouvelle-Écosse (202 m3), l’Île-du-Prince-Édouard (238 m3), l’Ontario (249 m3) et la Saskatchewan (276 m3), se classent bien également au niveau international et décrochent un « A ». Ces quantités sont comparables à celles de la France (177 m3) et de la Suisse (200 m3) à une extrémité, et de la Suède (262 m3) à l’autre. Le Danemark occupe le premier rang du classement général avec des prélèvements d’eau inférieurs à 100 m3 par habitant. Les prélèvements d’eau du Québec (348 m3), du Nouveau-Brunswick (351 m3) et de la Colombie-Britannique (404 m3) sont tous plus proches des taux de prélèvement internationaux intermédiaires (350 à 400 m3), ce qui vaut à ces provinces un « B ». Ces taux sont comparables à ceux de l’Australie (428 m3) et de la Norvège (430 m3). Le Canada (330 m3) obtient globalement un « B » et occupe le 10e rang parmi les 15 pays de comparaison2. La note globale du pays est tirée vers le bas par l’Alberta (seule province qui obtient un « C », avec 508 m3)
et Terre-Neuve-et-Labrador, qui affiche la plus grosse part de
prélèvements d’eau de toutes les régions, ce qui lui vaut un « D– ».
Avec plus de 780 m3 par habitant, Terre-Neuve-et-Labrador (782 m3) prélève plus d’eau que la Finlande (556 m3) et le Japon (639 m3), mais moins que les États-Unis (825 m3), le pays de comparaison le plus mal classé.
Comment se situent les provinces les unes par rapport aux autres?
Le Manitoba (191 m3), la Nouvelle-Écosse (202 m3) et l’Île-du-Prince-Édouard (238 m3) ont les plus faibles taux de prélèvement d’eau de toutes les provinces. L’Ontario et la Saskatchewan décrochent également un « A », avec des prélèvements d’environ 250 à 275 m3 par habitant. Le Québec, le Nouveau-Brunswick et la Colombie-Britannique, qui obtiennent tous un « B », ont des taux de prélèvement qui se situent plus ou moins entre 350 et 400 m3 par habitant. Avec 508 m3 par habitant, l’Alberta ne reçoit qu’un « C ». Quant à Terre-Neuve-et-Labrador (782 m3), sa consommation d’eau dépasse de loin celle de toutes les autres provinces. Son taux de prélèvement d’eau est quatre fois celui du Manitoba, province la mieux classée, et plus de 50 % supérieur à celui de l’Alberta, avant-dernière au classement provincial.
Comment s’en sortent les territoires en ce qui concerne les prélèvements d’eau? Les taux de prélèvement d’eau des territoires du Canada sont tous relativement faibles. Avec des prélèvements d’eau de 159 m3 par habitant, le Nunavut fait mieux que toutes les provinces, y compris le Manitoba, ce qui lui vaut un « A ». Le taux de prélèvement du Yukon, qui est d’environ 319 m3, est pratiquement le double de celui du Nunavut, lui valant un « B ». À 451 m3 par habitant, le taux de prélèvement des Territoires du Nord-Ouest se situe entre celui de la Colombie-Britannique et de l’Alberta, ce qui vaut un « B » aux Territoires. Nous n’incluons pas les territoires dans nos calculs aux fins des comparaisons provinciales et internationales, car les données pour chacun des territoires ne sont pas disponibles pour plusieurs indicateurs du bilan comparatif de l’environnement. Cependant, le Conference Board entend inclure les territoires dans son analyse et fournit donc des renseignements sur leur performance quand des données sont disponibles.
Comment utilise-t-on l’eau au Canada et dans les provinces? Les statistiques des prélèvements d’eau enregistrées par Statistique Canada sont ventilées en trois grandes catégories : prélèvements d’eau résidentiels, eau utilisée pour l’irrigation et prélèvements d’eau industriels. Les différences de prélèvement d’eau entre les provinces reflètent donc non seulement des différences de comportement individuel et des différences climatiques, mais aussi la structure particulière de l’économie de chaque région, ainsi que la taille et la composition de ses industries. Ce bilan comparatif ne tient pas compte de l’eau prélevée pour refroidir les centrales thermiques produisant de l’électricité, vu que les centrales nucléaires retournent généralement l’eau qu’elles prélèvent dans le bassin versant local, bien qu’à une température plus élevée. Ainsi, les prélèvements d’eau industriels rapportés ici sont beaucoup plus bas qu’ils ne le seraient si les volumes d’eau servant au refroidissement des centrales était inclus, en particulier pour ce qui est e l’Ontario, qui génère plus de la moitié de son électricité à partir de centrales nucléaires.
À l’échelle nationale, la consommation d’eau résidentielle représente le quart des prélèvements d’eau douce, mais elle varie quelque peu d’une province et d’un territoire à l’autre. En Alberta, par exemple, la consommation résidentielle ne représente que 12 % des prélèvements d’eau, alors qu’au Yukon, sa part est de plus de 50 % du total des prélèvements d’eau douce. Dans la plupart des provinces, l’irrigation absorbe une part relativement minime du total des prélèvements d’eau. En fait, on prélève environ 15 % d’eau pour l’irrigation dans l’ensemble du pays. Cependant, comme dans le cas des prélèvements résidentiels, cela varie beaucoup d’un bout à l’autre du pays. Les prélèvements destinés à l’irrigation représentent moins de 1 % de l’eau dans plusieurs provinces (Terre-Neuve-et-Labrador, Québec, Ontario, Nouvelle-Écosse et Nouveau-Brunswick) et dans les trois territoires, mais 20 % des prélèvements d’eau douce au Manitoba et plus de 60 % en Alberta. Avec des prélèvements équivalant à 44 % du total national, l’industrie est le plus gros consommateur d’eau douce. L’eau sert à refroidir l’équipement industriel et à nettoyer les produits fabriqués. Elle est aussi utilisée comme solvant. À l’échelle régionale, la consommation d’eau industrielle ne représente que 18 % des prélèvements totaux en Alberta, mais plus de 60 % dans les Territoires-du-Nord-Ouest et le Nunavut. Le réseau de distribution d’eau lui-même (puisqu’on perd de l’eau à cause de fuites ou qu’on en utilise pour vidanger le circuit) et l’eau fournie en gros à d’autres régions constituent d’autres sources de prélèvements. Enfin, on ne connaît pas l’utilisation finale d’environ 9 % de l’eau prélevée au Canada.
Pourquoi Terre-Neuve-et-Labrador prélève-t-il autant d’eau? Terre-Neuve-et-Labrador prélève de loin plus d’eau douce par habitant que toute autre province, à cause de ses importants prélèvements résidentiels (229 m3 par habitant, soit plus de deux fois la moyenne nationale de 83 m3) et industriels (358 m3 par rapport à la moyenne nationale de 111 m3). On ne sait pas exactement pourquoi les prélèvements d’eau résidentiels de Terre-Neuve-et-Labrador sont si élevés, mais une grande part des municipalités de la province imposent des frais fixes pour l’eau plutôt que des tarifs volumétriques3, ce qui dissuade les comportements plus économes en eau (voir la section ci-dessous). La grande quantité d’eau utilisée par l’industrie est principalement attribuable à l’industrie minière, qui prélève environ 40 % de l’eau douce de la province4. Il est difficile de préciser en quoi consiste le reste des prélèvements d’eau effectués à Terre-Neuve-et-Labrador. Plus de 20 % des prélèvements totaux de la province des retraits totaux sont distribués par les municipalités, mais leur utilisation finale demeure inconnue.
Que pouvons-nous faire pour réduire la consommation d’eau au Canada? Les Canadiens doivent adopter des mesures de conservation de l’eau. Il y a plus de 15 ans, Environnement Canada a pour la première fois mis en garde que sans une augmentation substantielle du prix de l’eau à la consommation, l’infrastructure de distribution risquait de se détériorer au point de ne plus pouvoir être exploitable. Plusieurs études montrent que les recettes tirées de l’eau ne suffisent pas à couvrir les frais d’exploitation, de réparation, d’amélioration ou d’agrandissement du système d’approvisionnement. Elles n’en remboursent qu’une fraction. Ainsi, les frais facturés pour l’eau d’irrigation ne permettent de recouvrer qu’environ 10 % des coûts de mise en valeur de la ressource. De même, la tarification de l’eau des ménages ne couvre pas entièrement le coût5. Augmenter le coût de l’eau constitue l’une des meilleures incitations à la conservation. Les Canadiens qui ont un compteur d’eau et qui sont assujettis à une tarification au volume (ou volumétrique) consomment moins d’eau que les populations rurales qui n’ont aucun moyen de rendre compte de leur consommation d’eau ni aucune incitation directe à consommer judicieusement6. En Europe, là où les tarifs ont augmenté, les prélèvements d’eau ont baissé simultanément. Heureusement, le Canada semble s’orienter dans la bonne direction. De 2006 à 2009, la proportion de la population approvisionnée en eau résidentielle avec compteur est passée de 63 à 72 %, et celle des activités commerciales approvisionnées en eau avec compteur, de 80 à 87 %7. Avec plus de compteurs, les provinces sont plus à même d’appliquer des tarifs volumétriques, ce qui devrait aider à réduire la consommation. Quant aux provinces, le Québec, la Colombie-Britannique et l’Île-du-Prince-Édouard facturent des tarifs volumétriques nettement inférieurs à la moyenne canadienne. À Terre-Neuve-et-Labrador, les municipalités ne sont pas assez nombreuses à utiliser les tarifs volumétriques pour calculer le coût moyen des prélèvements d’eau. Cela donne à penser que Terre-Neuve-et-Labrador, le Québec, la Colombie-Britannique et l’Île-du-Prince-Édouard pourraient diminuer leur consommation d’eau résidentielle municipale soit en augmentant leurs tarifs volumétriques, soit en généralisant l’installation de compteurs volumétriques (dans la mesure du possible).
Notes de bas de page
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